Page 417 - Les fables de Lafontaine
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LA LIONNE ET L’OURSE 4i3
De haine et de fureur. Je sais que la vengeance
Est un morceau de roi, car vous vivez en dieux13.
Tu veux oublier cette offense :
Je le crois ; cependant, il me faut, pour le mieux *,
Éviter ta main et tes yeux, 60
Sire roi, mon ami, va-t’en ; tu perds ta peine ;
Ne me parle point de retour ;
L’absence est aussi bien un remède à la haine
Qu’un appareil * contre l’amour. »
Exercice complémentaire. — Décrivez l'attitude et les pensées
du roi, rentrant dans son palais après son dialogue avec le vieux
Perroquet. , ‘
12. — LA LIONNE ET L’OURSE
Source. — Poussines.
Intérêt. — On remarque, dans cette fable, comme dans les deux
précédentes, une faiblesse de composition : l’antithèse entre les
cris de la Lionne et le silence des parents de ses victimes tourne
court, et fait place à des considérations morales sur les « plaintes
frivoles » contre le destin ou les cieux. Ainsi, la fable commence
dans une direction et s’achève dans une autre ; le fléchissement
a lieu au vers 21. Au reste, la fable est pittoresque, dramatique
et le dialogue d’un naturel parfait.
Mère Lionne avait perdu son faon*.
Un chasseur l’avait pris. La pauvre infortunée
Poussait un tel rugissement
Que toute la forêt était importunée.
La nuit ni son obscurité, 5
Son silence et ses autres charmes *,
De la reine des bois n’arrêtait les vacarmes.
Nul animal n’était du sommeil visité.
13. On connaît le proverbe qui veut que la vengeance soit le plaisir
des dieux.