Page 415 - Les fables de Lafontaine
P. 415
LES DEUX PERROQUETS, LE ROI ET SON FILS 4
11. — LES DEUX PERROQUETS, LE ROI ET SON FILS
Source. — Poussines.
Intérêt. — Le défaut dans la composition de ce conte compliqué
est évident : la première partie (11-32), chargée d’événements,
n’a pas d’autre intérêt que d’amener la seconde (32-64), qui est
tout oratoire. De plus, cette seconde partie agite des idées diverses :
vengeance, destin, défiance, absence, pour se terminer par une
pointe * où s’opposent la haine et l’amour. L’ensemble est confus,
et les expressions mythologiques dont l’auteur a truffé son style
ne sont pas faites pour atténuer cette confusion.
Deux Perroquets, l’un père et l’autre fils,
Du rôt * d’un Roi, faisaient leur ordinaire *.
Deux demi-dieux1, l’un fils et l’autre père,
De ces oiseaux faisaient leurs favoris2.
L’âge liait * une amitié sincère 5
Entre ces gens : les deux pères s’aimaient ;
Les deux enfants, malgré leur cœur frivole,
• L’un avec l’autre aussi s’accoutumaient.
Nourris * ensemble et compagnons d’école.
C’était beaucoup d’honneur au jeune Perroquet ; 10
Car l’enfant était Prince, et son père, Monarque.
Par le tempérament que lui donna la parque *,
Il aimait les oiseaux. Un Moineau fort coquet,
Et le plus amoureux de toute la province *,
Faisait aussi sa part * des délices du Prince. 15
Ces deux rivaux 3, un jour, ensemble se jouants 4,
Comme il arrive aux jeunes gens,
Le jeu devint une querelle *.
Le passereau, peu circonspect ®,
S’attira de tels coups de bec 20
Que, demi-mort et traînant l’aile,
On crut 6 qu’il n’en pourrait guérir.
Le Prince, indigné, fit mourir
1.' Ces demi-dieux sont un roi et son fils, comme il est dit au vers 11. —
2. Symétries antithétiques, 24, k. — 3. Lejeune Perroquet et le Moineau,
appelés « jeunes gens » au vers 17. -— 4. Accord du participe présent, 29, p.
— 5. Rimes en ec (prononcez eÂ), 27, g. — 6. Accord, 29, a.