Page 354 - Les fables de Lafontaine
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35°          FABLES. — LIVRE HUITIÈME
                Cherchait dans l’homme et dans la bête
        Quel siège a la raison, soit le cœur, soit la tête.
        Sous un ombrage épais, assis près d’un ruisseau,
                Les labyrinthes 6 d’un cerveau
        L’occupaient. Il avait à ses pieds maint volume,   35
        Et ne vit presque pas son ami s’avancer,
                Attaché 7, selon sa coutume ;
        Leur compliment * fut court, ainsi qu’on peut penser.
        Ayant donc mis à part les entretiens frivoles *,
        Et beaucoup raisonné sur l’homme et sur l’esprit, 40
                Ils tombèrent sur la morale.
                11 n’est pas besoin que j’étale
                Tout ce que l’un et l’autre dit 8.
                Le récit précédent suffit
        Pour montrer que le peuple est juge récusable 9.   45
                En quel sens est donc véritable
                Ce que j’ai lu dans certain lieu,
               Que sa voix est la voix de Dieu?
          Exercice complémentaire. — Composez le dialogue entre les
        deux philosophes.



                27.  — LE LOUP ET LE CHASSEUR

          Source. — Pilpay.
          Intérêt. Fable dans le ton de la satire morale, en particulier
        dé la satire latine, dont un des lieux communs les plus rebattus
        est, en effet, l’avarice et la cupidité. Le ton n’est pas exempt de
        quelque emphase.
        Fureur * d’accumuler, monstre de qui * les yeux
        Regardent comme un point * tous les bienfaits des dieux,
         6. Assis... les labyrinthes : Accord, 29, a. Les labyrinthes : les circonvolu­
        tions. •— 7. Attaché, absorbé. — 8. Accord, 29, a. — 9. Récusable,
        qu’il faut récuser, c’est-à-dire rejeter, parce que ses jugements sont
        faux.
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