Page 351 - Les fables de Lafontaine
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LES DEUX CHIENS ET L’ANE MORT         347


          25.  — LES DEUX CHIENS ET L’ANE MORT

        Sources. — Ésope ; Phèdre.
        Intérêt. — La fable elle-même se borne presque au dialogue
      des chiens ; mais elle est encadrée par un prologue moral de
      13 vers et une conclusion de 14 vers, l’un et l’autre traitant un
      sujet tout différent. 11 en résulte, que le récit, assez bref est solli­
      cité en deux sens différents et que l’impression d’ensemble est
      confuse.
              Les vertus devraient être sœurs
             Ainsi que les vices sont frères :
      Dès que l’un de ceux-ci s’empare de nos cœurs,
      Tous viennent à la file, il ne s’en manque * guères * ;
          J’entends de ceux qui, n’étant pas contraires,   5
             Peuvent loger sous même toit.
      A l’égard des vertus, rarement on les voit
      Toutes, en un sujet, éminemment * placées
      Se tenir par la main sans être dispersées.
      L’un est vaillant, mais prompt ; l’autre est prudent, mais
                                              froid L 10
      Parmi les animaux, le Chien se pique * d’être
             Soigneux et fidèle à son maître,
              Mais il est sot, il est gourmand.
      Témoin ces deux mâtins * qui, dans l’éloignement,
      Virent un âne mort qui flottait sur les ondes.   15
      Le vent, de plus en plus, l’éloignait de nos chiens.
      « Ami, dit l’un, tes yeux sont meilleurs que les miens ;
      Porte un peu tes regards sur ces plaines * profondes :
      J’y crois voir quelque chose : est-ce un bœuf ? un cheval ?
             —- Hé ! qu’importe quel animal ?        20

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      Dit l’un 1 de ces mâtins ; voilà toujours curée *.
      Le point * est de l’avoir, car le trajet * est grand ;
        1. Symétrie antithétique, 24, k. — 2. Dit P un, négligence pour :
      dit l’autre (cf. v. 12).
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