Page 346 - Les fables de Lafontaine
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342 FABLES. — LIVRE HUITIÈME
Celui-ci, qui ne fut qu’avec peine attrapé,
Devait, le lendemain, être d’un grand souper *,
Fort à l’aise, en un plat, honneur dont la volaille 20
Se serait passée aisément 3.
L’oiseau chasseur lui dit : « Ton peu d’entendement
Me rend * tout étonné. Vous n’êtes que racaille,
Gens grossiers, sans esprit, à qui l’on n’apprend rien.
Pour moi, je sais chasser et revenir au maître. 25
Le vois-tu pas 4 à la fenêtre ?
Il t’attend, es-tu sourd? — Je n’entends que trop bien,
Repartit le Chapon. Mais que me veut-il dire?
Et ce beau * cuisinier armé d’un grand couteau ? .
Reviendrais-tu pour cet appeau * ? 30
Laisse-moi fuir, cesse de rire
De l’indocilité qui me fait envoler
Lorsque, d’un ton si doux, on s’en vient * m’appeler.
Si tu voyais mettre à la broche
Tous les jours autant de faucons 35
Que j’y vois mettre de chapons,
Tu ne me ferais pas un semblable reproche. »
Exercice complémentaire. — Décrivez, sous forme de tableau
rustique, la scène évoquée par cette fable.
22. — LE CHAT ET LE RAT
Source. — Le P. Poussines, « la Sagesse des anciens Hindous ».
Intérêt. — Fable didactique, ornée de traits pittoresques, mais
remarquable surtout par la vivacité de l’action. On peut opposer
à II, 11 : Ze Lion et le Rat, dont le sujet est assez semblable, mais
l’idée directrice tout opposée.
Quatre animaux divers * : le Chat Grippe *-fromage,
Triste-oiseau le Hibou, Ronge-maille le Rat *,
3. Ironie, 23, z. — 4. Négation, 29, k.