Page 344 - Les fables de Lafontaine
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33& FABLES. — LIVRE HUITIÈME
Vous vous croyez considérable :
Mais, dites-moi, tenez-vous table*? 15
Que * sert à vos pareils de lire incessamment ?
Ils sont toujours logés à la troisième chambre *,
Vêtus au mois de Juin comme au mois de Décembre,
Ayant, pour tout laquais *, leur ombre seulement.
La république * a bien affaire * 20
De gens qui ne dépensent rien!
Je ne sais d’homme nécessaire
Que celui dont le luxe épand * beaucoup de bien *. »
Ces mots remplis d’impertinence
Eurent le sort qu’ils méritaient : 25
L’homme lettré se tut. Il avait trop à dire.
La guerre le vengea bien mieux qu’une satire.
Mars * détruisit le lieu que nos gens habitaient.
L’un et l’autre quitta sa ville 2 :
L’ignorant resta sans asile,
Il reçut partout des mépris *. 3c
L’autre reçut partout quelque faveur nouvelle.
Cela décida leur querelle *.
Laissez dire les sots : le savoir a son prix.
Exercice complémentaire. — Faites dialoguer, dans une dis
cussion courtoise, deux personnages qui opposeront les avantages du
savant et ceux de l’homme d’action, capitaine d’industrie ou autre.
20. — JUPITER ET LES TONNERRES
Source. — Sénèque, dans les Quaestiones Naturales, II, 41.
Intérêt. — Fable mythologique, qui n’est, en réalité, qu’un
conte de grand’mère destiné à expliquer les caprices de la foudre.
Cf. Z’Aigle et l’Escarbot, II, 8. Le vers de sept syllabes donne,
à la narration, une sorte de fluidité humoristique qui fait penser
à la parodie. Cf. IV, 6, le Combat des Rats et des Belettes.
2. Accord, 29, a.