Page 339 - Les fables de Lafontaine
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L’ANE ET LE CHIEN              333
              Il ne se faut point arrêter *
       Aux deux faits ambigus * que je viens de conter :
       Ce fils par trop chéri ni le bonhomme * Eschyle
       N’y font rien. Tout aveugle et menteur qu’est cet art, 90
       Il peut frapper au but une fois entre mille,
              Ce sont des effets du hasard.
        Exercice complémentaire. — Essayer d’expliquer à La Fontaine,
       sous forme d’Épître, les raisons qui poussent tant de gens à consulter
       devineresses et tireurs d’horoscope.



                 17.  — L’ANE ET LE CHIEN
        Source. — Abstémius.
        Intérêt.— Fable didactique, qui reprend l’idée directrice de
       VI, 16 : l’Ane et le Cheval, mais avec une donnée dramatique
       tout autre. La présente fable est excellente, par sa mise en scène,
       pittoresque à souhait, et le naturel du dialogue. On peut faire des
       réserves sur la qualité morale de l’ironie et de la conduite du chien
       qui se venge.

       Il se1 faut entr’aider, c’est la loi de nature *.
              L’Ane, un jour, pourtant, s’en moqua,
              Et ne sais 2 comme * il y_ manqua,
              Car il est bonne créature.

       Il allait par pays *, accompagné du Chien,     .5
              Gravement, sans songer à rienj
              Tous deux suivis d’un commun maître^
       Ce maître s’endormit. L’Ane se mit à paître.
              Il était alors dans un pré
              Dont l’herbe était fort à son gré.      10
       Point de chardons pourtant ; il s’en passa pour l’heure *.
       Il ne faut pas toujours être si délicat,
              Et, faute de servir ce plat,
              Rarement un festin demeure.
         1.  Complément de l’infinitif, 29, d. — 2. Omission du sujet, 29, m.
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