Page 335 - Les fables de Lafontaine
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L’HOROSCOPE 329
Un Rat des plus petits voyait un Éléphant
Des plus gros 3, et raillait le marcher 4 un peu lent
De la bête de haut parage *,
Qui marchait à gros équipage *.
Sur l’animal à triple étage 5 15
Une sultane de renom,
Son chien, son chat et sa guenon,
Son perroquet, sa vieille 6 et toute sa maison *
S’en allait en pèlerinage.
Le Rat s’étonnait que les gens 20
Fussent touchés 7 de voir, cette pesante masse :
« Comme si d’occuper où plus ôu moins de place
Nous rendait, disait-il, plus ou moins importants!
Mais qu’admirez-vous tant en lui, vous autres hommes ?
Serait-ce ce. grand corps qui fait peur aux enfants? 25
Nous ne nous prisons * pas, tout petits que nous sommes,
D’un grain * moins que les éléphants. »
Il en aurait dit davantage,
Mais le chat, sortant de sa cage,
Lui fit voir, en moins d’un instant, 30
Qu’un rat n’est pas un éléphant 8.
Exercice complémentaire. — Transposez la fable de La Fontaine
dans le monde humain, en prenant comme personnages, par exemple,
un écolier et un souverain.
16. — L’HOROSCOPE *
Sources. — a) Pour l’exemple du père et de son fils : Esope ;
Haudent.
b) Pour l’exemple d’Eschyle : Hérodote ; Valère-Maxime ; Pline
l’Ancien ; Gilbert Cousin ; Montaigne.
3. Rejet, 27, c. — 4. Infinitif avec l’article, 29, j. — 5. A triple
étage : le rat voit d’abord les hautes pattes de la bête, puis son corps
énorme, puis le palanquin qui la surmonte, abritant la « sultane » (une
des favorites du sultan, lequel, comme tous les mahométans, était
polygame), ses bêtes favorites et ses suivantes. — 6. Sa vieille, la vieille
domestique de confiance, qui ne la quittait pas. — 7. Touchés, émus
(d’admiration). — 8. Conclusion brusquée, 26, g.