Page 334 - Les fables de Lafontaine
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338 FABLES. — LIVRE HUITIÈME
Amusez * les rois par des songes *,
Flattez-les, payez *-les d’agréables mensonges :
Quelque indignation dont 4 leur cœur soit rempli,
Ils goberont l’appât, vous serez leur ami. 55
Exercice complémentaire. — En rapprochant cette fable de
VII, 6, la Cour du Lion ; de VIII, 3, le Lion, le Loup et le Renard,
faites le portrait du Courtisan.
15. — LE RAT ET L’ÉLÉPHANT
Source. — Inconnue. Voir ci-dessous.
Intérêt. — Avec une mise en scène et des personnages nouveaux,
cette fable reprend la donnée de I, 3 : la Grenouille qui se veut faire
aussi grosse que le Bœuf, comme le Rat et l'Huître (VIII, 9) repre
nait le Cochet, le Chat et le Souriceau (VI, 5). Mais, ici, la réplique
est supérieure à la première version, tant par le pittoresque du
décor que par le naturel de l’antithèse fondamentale et le mouve
ment aisé de la composition.
Se croire un personnage est fort commun • en France.
On y fait l’homme d’importance
Et l’on n’est souvent qu’un bourgeois * :
C’est proprement * le mal français \
La sotte vanité nous est particulière. 5
Les Espagnols sont vains, mais d’une autre manière ;
Leur orgueil me semble, en un mot,
Beaucoup plus fou, mais pas si sot2.
Donnons quelque image * du nôtre
Qui, sans doute, en. vaut bien un autre. 10
4. On n’emploie plus aujourd’hui que la tournure analytique : De
quelque indignation que...
1. Rimes en -ouè. — 2. L’orgueil est fou, mais la vanité est sotte.
Antithèse, 23, g.