Page 343 - Les fables de Lafontaine
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L’AVANTAGE DE LA SCIENCE           337

              Du choix de semblable canaille *.
          Si tu fais * bien, tu reviendras à moi.
          Le Grec le crut12. Ceci montre aux Provinces *
          Que, tout compté, mieux vaut en bonne foi *   55
          S’abandonner à quelque puissant roi
          Que s’appuyer de plusieurs petits princes *.
        Exercice complémentaire. — Décrivez l’attitude du marchand,
      quand le Bassa vient dîner chez lui, pendant son discours et après.



            19.  — L’AVANTAGE * DE LA SCIENCE

        Sources. — Phèdre ; Abstémius.
        Intérêt. — Fable satirique, traitant la question de l’opposition
      entre les biens de fortune et le mérite personnel. On sait que La
      Bruyère est revenu souvent sur cette question, notamment dans
      les chapitres du Mérite personnel et des Biens de Fortune. L’anti­
      thèse est, ici, adroitement filée, et La Fontaine s’est donné les
      gants de laisser le riche développer ses arguments, alors que le
      savant se tait. Il savait, par expérience personnelle, que l’homme'
      lettré recevait alors « partout quelque faveur nouvelle ».
             Entre deux bourgeois * d’une ville,
             S’émut * jadis un différend.
             L’un était pauvre, mais habile * ;
             L’autre, riche, mais ignorant.
             Celui-ci, sur son concurrent,           5
             Voulait emporter * l’avantage,
             Prétendait que tout homme sage *
             Était tenu de l’honorer.
      C’était tout homme sot1. Car, pourquoi révérer
             Des biens dépourvus de mérité?         10
             La raison m’en semble petite.
             « Mon ami, disait-il souvent
                      Au savant,

       12. Exemple typique de conclusion brève, 26, g.
       1. Ç'était tout homme sot qu’il fallait dire.
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