Page 328 - Les fables de Lafontaine
P. 328
322 FABLES. — LIVRE HUITIÈME
Qui * d’eux aimait le mieux ? que t’en semble, lecteur ?
Cette difficulté • vaut bien qu’on la propose.
Qu’un ami véiitable est une douce chose!
Il cherche vos besoins au fond de votre cœur, 25
Il vous épargne la pudeur *
De les lui découvrir vous-même.
Un songe, un rien, tout * lui fait peur
Quand il s’agit de ce * qu’il aime.
Exercice complémentaire. — D’après les deux fables précédentes,
faites un exposé sur l’Amitié : utilité, dangers, agréments.
12. — LE COCHON, LA CHÈVRE ET LE MOUTON
Sources. — Ésope ; Aphthonius.
Intérêt. — Fable didactique, dans le genre orné des fables du
premier recueil. Le pittoresque, l’ironie, les antithèses en font
un chef-d’œuvre. Pour la morale, qui conseille la résignation
devant le destin, c’est celle qui a déjà été illustrée par III, 11, le
Renard et les Raisins ; V, 6, la Vieille et les deux Servantes ; VI, 11,
l’Ane et ses Maîtres.
Une Chèvre, un Mouton avec un Cochon gras,
Montés sur même char *, s’en allaient à la foire.
Leur divertissement ne les y portait * pas :
On s’en allait les vendre, à ce que dit l’histoire *.
Le charton * n’avait pas dessein * 5
De les mener voir Tabarin1.
Dom * Pourceau criait en chemin
Comme s’il avait eu cent bouchers à ses trousses.
C’était une clameur à rendre les gens sourds.
Les autres animaux, créatures plus douces, 10
Bonnes gens, s’étonnaient qu’il criât au secours ;
1. Tabarin, pitre qui faisait la parade sur le Pont-Neuf, pour attirer
les chalands à l’éventaire d’un vendeur de drogues nommé Mondor.
Les Parisiens appréciaient beaucoup son comique.