Page 323 - Les fables de Lafontaine
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LE RAT ET L'HUITRE 317
A lui servir d’un monstre * assez vieux pour lui dire
Tous les noms des chercheurs de mondes * inconnus
Qui n’en * étaient pas revenus
Et que, depuis cent ans, sous l’abîme *, avaient vus 30
Les Anciens du vaste empire 4.
Exercice complémentaire. — Faites le portrait du « rieur »
mis en scène par La Fontaine, et qui ne peut être qu’un parasite *
assez effronté.
9. — LE RAT ET L’HUITRE
Source. — Inconnue. Voir ci-dessous. Cette fable a été publiée
en 1671.
Intérêt. — La Fontaine refait, ici, sur un autre ton, le Cochet,
le Chat et le Souriceau (VI, 5), sans prendre même la peine de
changer de héros. Cette deuxième rédaction a de l’ironie, du
pittoresque, mais elle ne fait pas oublier le ravissant chef-d’œuvre
du livre VI, dont elle est loin d’avoir l’aisance aérienne, la richesse
et la vérité.
Un Rat, hôte d’un champ,-Rat de peu de cervelle,
Des Lares * paternels, un jour, se trouva soûl *.
Il laisse là le champ, le grain et la javelle *,
Va courir le pays *, abandonne son trou1.
Sitôt * qu’il fut hors de la case * : 5
« Que le monde, dit-il, est grand et spacieux 2 !
Voilà les’Apennins et voici le Caucase*! »
La moindre taupinée était mont à ses yeux.
Au bout de quelques jours, le voyageur arrive
En un certain * canton * où Thétis *, sur la rive, 10
Avait laissé mainte huître ; et notre Rat, d’abord *,
Crut voir, en les voyant, des vaisseaux de haut bord.
4. Le vaste empire est la mer ; périphrase, 24, d. Anciens compte
pour trois syllabes, par diérèse, 27, e.
1. Hystéron protéron, 23, x. — 2. Pléonasme, 24, f.