Page 318 - Les fables de Lafontaine
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3Ï2          FABLES. — LIVRE HUITIÈME


                   S.  — L’HOMME ET LA PUCE

          Sources. — Ésope ; Gilbert Cousin ; Haudent.
          Intérêt. — Fable morale, sur le lieu commun des Vœux, comme
        VI, il : l’Ane et ses Maîtres, mais dans un tout autre ton. La
        Fontaine traite ici son sujet avec une sécheresse didactique tout
        à fait dans la manière d’Ésope ou de Phèdre. Le contraste est frap­
        pant avec les fables variées qui précèdent et qui suivent, mais,
        en fait, c’est encore un élément de variété.
        Par des vœux importuns nous fatiguons les dieux
        Souvent pour des sujets même indignes1 des hommes.
         Il semble que le Ciel sur tous, tant que nous sommes 2,
        Soit obligé d’avoir incessamment les yeux,
         Et que le plus petit de la race mortelle       5
        A chaque pas qu’il fait, à chaque bagatelle,
         Doive intriguer * l’Olympe * et tous ses citoyens *,
         Comme s’il s’agissait des Grecs et des Troyens 3.
        Un sot, par une puce, eut l’épaule mordue.
         Dans les plis de ses draps elle alla se loger.   10
        — « Hercule *, ce * dit-il, tu devais * bien purger
        La terre de cette hydre * au printemps revenue.
        Que fais-tu, Jupiter *, que *, du haut de la nue,
        Tu n’en perdes la race afin de me venger? »

        Pour tuer une puce, il voulait obliger         15
        Ces dieux à lui prêter leur foudre * et leur massue.
          Exercice complémentaire, — Développez les vers 1 à 8 à l'aide
        d'exemples. *





          1. Indignes même des hommes. — 2. Cheville, 27, h. — 3. Les
        dieux de l’Olympe prennent en effet parti pour les Grecs . ou les
        Troyens dans l’Iliade.
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