Page 287 - Les fables de Lafontaine
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LA LAITIÈRE ET LE POT AU LAIT 283
Après bien du travail, le coche arrive au haut 4. 25
— « Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt ;
J’ai tant fait que nos gens * sont enfin dans la plaine *.
Çà *, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine! »
Ainsi, certaines gens, faisant les empressés,
S’introduisent dans les affaires. 30
Us font partout les nécessaires
Et, partout importuns, devraient être chassés.
Exercice complémentaire. — Faites le portrait humain de la
Mouche du coche.
9. — LA LAITIÈRE ET LE POT AU LAIT
Source. — Bonaventure des Périers, Nouvelles, XII.
Intérêt. — Conte réaliste. Le portrait de Perrette est un des
chefs-d’œuvre les plus admirés de La Fontaine : il semble impos
sible de montrer plus d’enjouement dans le ton, plus de naturel,
plus de précision et de mouvement ; la « morale » est charmante
de naïveté spirituelle.
Perrette, sur sa tête ayant un pot au lait
Bien posé sur un coussinet *,
Prétendait * arriver sans encombre à la ville4.
Légère * et court * vêtue, elle allait à grands pas,
Ayant mis, ce jour-là, pour être plus agile, 5
Cotillon * simple et souliers * plats 2.
Notre Laitière, ainsi troussée,
Comptait déjà dans sa pensée
Tout le prix de son lait, en employait l’argent,
Achetait un cent d’œufs, faisait triple couvée 3. 10
La chose allait à bien par son soin * diligent.
4. Harmonie imitative, 23, t.
1. Ce vers prépare finement le dénouement. — 2. Les vers 1 à 6
sont à étudier pour l’harmonie, 23, S.— 3. Triple couvée : trois couvées
successives, la première de cent œufs, sous le nombre de poules néces
saires, les deux autres en proportion quasi-géométrique. Ce sens nous
paraît évident, malgré les discussions contradictoires des commentateurs
qui, sans doute, n’ont jamais élevé de poules.