Page 285 - Les fables de Lafontaine
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LES VAUTOURS ET LES PIGEONS         281

          Valeur, adresse, et ruses, et surprises,
          Tout s’employa *. Les deux troupes, éprises *   20
          D’ardent courroux, n’épargnaient nuis * moyens
           De peupler l’air que respirent les ombres * 3 ;
          Tout élément * remplit de citoyens *
          Le vaste enclos qu’ont les royaumes sombres *.
          Cette fureur mit la compassion             25
          Dans les esprits * d’une autre nation
          Au col * changeant, au cœur tendre et fidèle 4.
          Elle employa * sa médiation
          Pour accorder * une telle querelle *.
          Ambassadeurs, par le peuple * Pigeon,      30
           Eurent choisis, et si bien travaillèrent
          Que les Vautours plus 7 ne se chamaillèrent *.
          Ils firent trêve et la paix s’ensuivit.
          Hélas! ce fut aux dépens de la race
          A qui la leur aurait dû rendre grâce.      35
          La gent * maudite aussitôt poui suivit
          Tous les pigeons, en fit ample carnage,
          En dépeupla les bourgades, les champs.
          Peu de prudence eurent les pauvres gens s,
          D’accommoder * un peuple si sauvage !      40

          Tenez toujours divisés les méchants.
          La sûreté du reste de là terre
          Dépend de là *. Semez entre eux la guerre,
          Ou vous n’aurez avec eux nulle paix.
          Ceci soit dit en passant. Je me tais 6.    45
        Exercice complémentaire. — Comparez la morale de cette fable
       avec la morale de III, 13, les Loups et les Brebis, et de II, y, la
       Lice et sa compagne, et montrez comment ces morales se complètent.






        3. Périphrase, 24, d.— 4. Il s’agit des Pigeons, 24, d. — 5. Inversion
       exclamative, 23, y. — 6. Réticence, 24, i. — I. Négation, 29, k.
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