Page 284 - Les fables de Lafontaine
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28o FABLES. — LIVRE SEPTIÈME
Ni fade adulateur, ni parleur trop sincère, 35
Et tâchez quelquefois de répondre en Normand *.
Exercice complémentaire. — Supposez que le Renard, de retour
dans sa tanière, raconte à sa Renarde son aventure à la Cour du
Lion.
1. — LES VAUTOURS ET LES PIGEONS
Sources. Abstémius ; Haudent.
Intérêt.— Fable héroï-comique, parodiant l’Iliade et ses récits
de bataille, à rapprocher de IV, 6 : le Combat des Rats et des Belettes.
Le ton est résolument poétique (grand nombre des périphrases),
teinté d’un archaïsme souligné par l’emploi du vieux vers de
dix syllabes.
Mars *, autrefois, mit tout l’air en émute *.
Certain * sujet fit naître la dispute
Chez les oiseaux, non ceux que le printemps
Mène à sa cour et qui, sous la feuillée,
Par leur exemple et leurs sons éclatants, 5
Font que Vénus * est en nous réveillée,
Ni ceux encor * que la Mère d’Amour
Met à son char1 ; mais le peuple * Vautour
2
Au bec retors 1, à la tranchante serre,
Pour un chien mort, se fit, dit-on, la guerre. 10
Tl plut du sang, je n’exagère point.
Si je voulais conter de point en point
Tout le détail, je manquerais d’haleine *. .
Maint chef périt, maint héros expira,
Et, sur son roc, Prométhée * espéra 15
De voir bientôt une fin à sa peine.
C’était plaisir d’observei léurs efforts *,
C’était pitié de voir tomber les morts.
1. Périphrases, les rossignols (v. ;-6) ; les colombes (v. 7-8), 24, d. —
2. Retors : crochu.