Page 282 - Les fables de Lafontaine
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278 FABLES. — LIVRE SEPTIÈME
Mère du bon. esprit, compagne du repos, 50
O Médiocrité * ! reviens vite ! » A ces mots,
La médiocrité revient ; on lui fait place ;
Avec elle ils rentrent en grâce, x
Au bout de deux souhaits étant aussi chanceux
Qu’ils étaient et que sont 3 tous ceux 55
Qui souhaitent toujours et perdent en chimères *
Le temps qu’ils feraient mieux de mettre à leurs affaires.
Le follet en rit avec eux.
Pour profiter de sa largesse,
Quand il voulut partir, et qu’il fut sur le point 4, 60
Ils demandèrent la Sagesse ;
C’est un trésor qui n’embarrasse point.
Exercice complémentaire. — Décrivez la vie des deux époux
après le départ du Follet, ayant, pour trésors, la Médiocrité et la
Sagesse.
6. — LA COUR DU LION
Sources. — Phèdre ; Guéroult ; Jacques Régnier.
Intérêt. — Cette fable était connue dans les salons dès 1674.
Le 22 mai de cette année, Mme de Sévigné écrit : « Voilà une
fable des plus jolies ; ne connaissez-vous personne qui soit aussi
bon courtisan que le Renard ? »
C’est une satire sociale contre la Cour, en forme de comédie,
précédée d’un long prologue descriptif, d’un ton héroï-comique
voisinant avec le burlesque. Elle est à rapprocher, pour le ton,
fa composition et les détails, de VI, 14 : le Lion malade et le Renard.
Sa Majesté * lionne, un jour, voulut connaître
De quelles nations le Ciel l’avait fait maître.
Il manda donc, par députés *,
Ses vassaux de toute nature,
3. Les vers 54 et 55 sont obscurs ; il faut comprendre : étant aussi
chanceux au bout de deux souhaits qu’ils étaient (avant de les faire),
c’est-à-dire, ayant perdu leur temps ; d’où la suite : et que (ainsi que font)
tous ceux, etc. — 4. Sur le point (de partir).
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