Page 277 - Les fables de Lafontaine
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LE HÉRON 273
Que désigné-je, à votre avis,
Par ce Rat si peu secourable ?
Un moine? Non! Mais un dervis *.
Je suppose qu’un moine est toujours charitable 8. 35
Exercice complémentaire. — Traduisez cette fable en clair,
en disant la vérité toute crue, sans ironie.
4. — LE HÉRON
4 bis. — LA FILLE
Sources. •— Pour le Héron : Abstémius ; Haudent.
Pour la Fille : Le portrait' de la fille dédaigneuse, réduite à des
partis de moins en moins avantageux, puis à la solitude, enfin
épousant le premier venu, se trouve dans Martial (V, 17) et dans
Corrozet. Mais la vraie source de cette fable, outre que c’est un
lieu commun des plus rebattus, se trouve dans la précédente
dont celle-ci n’est qu’une transposition ironique.
Intérêt. — Pour le Héron : Fable portrait dont le pittoresque
est admirable de poésie et de précision. Le caractère du Héron
se confond littéralement avec son allure extérieure, vrai chef-
d’œuvre de symbolisme animal. D’autre part, le personnage
contraste excellemment avec la vie exubérante d’une belle rivière,
par une splendide journée d’été. Enfin, la composition progresse
dans un mouvement parfait de naturel et de vérité.
Pour la Fille : Portrait satirique de la précieuse en présence du
mariage ; cf. les Précieuses Ridicules et le personnage d’Armande
dans les Femmes Savantes. Cette fable est un décalque ironique
de la précédente, mais elle perd en pittoresque, en poésie, en
fnouvement, ce qu’elle gagne en malice, un peu appuyée. A rap
procher de « la Jeune Veuve » (VI, 21).
Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais où
Le Héron au long bec emmanché d’un long cou1.
Il côtoyait une rivière.
L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours 2 ;
6. Pour l'ironie sans cesse rejaillissante dans cette fable, voir 23, z.
1. Inversion pittoresque, 23, y. — 2. Harmonie, 23, s.