Page 280 - Les fables de Lafontaine
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276 FABLES. — LIVRE SEPTIÈME
Le désir peut loger chez une précieuse. 40
Celle-ci fit un choix qu’on n’aurait jamais cru,
Se trouvant, à la fin, tout aise et tout heureuse
De rencontrer * un malotru *.
Exercice complémentaire. — Faites le portrait satirique de la
Précieuse, d’après ces deux fables.
5. — LES SOUHAITS
Sources. - Les Paraboles de Sindabar, roman hébreu, que La
Fontaine a pu connaître par son ami, le voyageur Bernier. Cf. aussi,
Rabelais, Prologue du Quart-Livre. Voir au Lexique, au mot
Démon, une citation de Ronsard.
Intérêt. — C’est un Conte de Fées orientai ; la mode de ces
contes commençait à cette époque ; elle devait régner en litté
rature vingt ans plus tard, avec les Contes de Perrault, ceux de
Mme d’Aulnoy, les Mille et Une Nuits, de Galland, etc. Ce conte
développe le lieu commun des Vœux, et, comme tel, il est à rap
procher de l’Ane et ses Maîtres (VI, 11).
Il est *, au Mogol *, des follets *
Qui font office * de valets,
Tiennent la maison propre *, ont soin de l’équipage *,
Et quelquefois du jardinage.
Si vous touchez à leur ouvrage, 5
Vous gâtez tout.
Un d’eux, près du Gange *, autrefois,
Cultivait le jardin d’un assez bon bourgeois *.
Il travaillait sans bruit, avait beaucoup d’adresse *,
Aimait le maître et la maîtresse,
Et le jardin surtout. Dieu sait si les zéphyrs *, 10
Peuple ami du démon *, l’assistaient dans sa tâche!
Le follet, de sa part *, travaillant sans relâche,
Comblait ses hôtes de plaisirs.