Page 244 - Les fables de Lafontaine
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240 FABLES. — LIVRE SIXIÈME
Contre toute ta parenté * 35
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D’un malin * vouloir est porté *.
L’autre animal, tout au contraire,
Bien éloigné de nous mal * faire,
Servira quelque jour peut-être à nos repas.
Quant au Chat, c’est sur nous qu’il fonde sa cuisine. < 40
Garde-toi, tant que tu vivras,
De juger des gens sur la mine *. »
Exercice complémentaire. — Racontez sous forme imperson
nelle l’aventure du Souriceau.
6. — LE RENARD, LE SINGE ET LES ANIMAUX
Sources. — Ésope Faërne ; Haudent.
Intérêt. — Conte pittoresque, en style archaïsant, dans le vieux
rythme du vers décasyllabique, terminé par un lieu commun poli
tique. C’est presque un pastiche des anciens fabliaux.
Les Animaux, au décès d’un Lion,
En son vivant prince * de la contrée,
Pour faire un roi s’assemblèrent, dit-on.
De son étui, la couronne est tirée.
Dans une chartre1 un dragon * la gardait. 5
Il se trouva que, sur tous essayée, '
A pas un * d’eux elle ne convenait.
Plusieurs avaient la tête trop menue,
Aucuns * trop grosse, aucuns même cornue.
Le Singe aussi fit * l’épreuve en riant, 10
Et, par plaisir, la tiare 2 essayant,
Il fit autour force * grimaceries 3,
Tours de souplesse et mille singeries,
1. Chartre, mot ancien: prison. Ici, cachette. — 2. Tiare, mot persan
désignant un bonnet, puis la triple couronne du pape. Ici, simple
synonyme de couronne. — 3. Grimaceries, néologisme inventé par La
Fontaine.