Page 241 - Les fables de Lafontaine
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JUPITER ET LE MÉTAYER 237
Le contraint de s’en dépouiller.
Encor * n’usa-t-il pas de toute sa puissance.
Plus fait douceur que violence. 40
Exercice complémentaire. — Transposez le récit de La Fon
taine en prenant, comme personnages, deux valets de ferme, l’un
impétueux et brutal, l’autre patient et doux, qui entreprennent suc
cessivement de saisir un poulain en liberté.
4. — JUPITER ET LE MÉTAYER *
Sources. — Faërne ; Verdizotti.
Intérêt. — Fable didactique, de ton ironique, ornée de nom
breux traits de réalisme familier qui mettent au jour l’âme
paysanne telle que la tradition la représente, c’est-à-dire défiante
et avide.
Jupiter * eut jadis une ferme à donner.
Mercure * en fit l’annonce ; et gens * se présentèrent,
Firent des offres, écoutèrent.
Ce ne fut pas sans bien tourner1.
L’un alléguait que l’héritage * 5
Était frayant * et rude, et l’autre, un autre «.
Pendant qu’ils marchandaient ainsi,
Un d’eux, le plus hardi mais non pas le plus sage *,
Promit d’en rendre * tant *, pourvu que Jupiter
Le laissât disposer de l’air, 10
Lui donnât saison * à sa guise,
Qu’il eût du chaud, du froid, du beau temps, de la bise,
Enfin, du sec et du mouillé,
Aussitôt qu’il aurait baillé2,
1. Tourner autour de la question, multiplier les tours et les détours,
comme nous disons : « tourner autour du pot ». — 2. Baillé : terme discuté.
Les uns entendent : aussitôt qu’il (le paysan) aurait bayé, c’est-à-dire,
ouvert la bouche ; d’autres : aussitôt qu’il aurait signé le bail. Il nous
semble que l’interprétation la plus satisfaisante pour le contexte et le sens
normal du texte est: aussitôt qu’il (Jupiter) aurait donné sa ferme à bail.