Page 242 - Les fables de Lafontaine
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238 FABLES. — LIVRE SIXIÈME
Jupiter y consent. Contrat passé. Notre homme 15
Tranche * du roi des airs, pleut, vente, et fait, en somme,
Un climat pour lui seul ; ses plus proches voisins
Ne s’en sentaient non plus que les Américains.
Ce fut leur avantage : ils eurent bonne année,
Pleine moisson, pleine vinée 3. 20
Monsieur le Receveur * fut très mal partagé.
L’an suivant, voilà tout changé :
Il ajuste * d’une autre sorte
La température des cieux 4.
Son champ ne s’en trouva pas mieux. 25
Celui de ses voisins fructifie et rapporte.
Que fait-il? il recourt au monarque des dieux,
Il confesse son imprudence.
Jupiter en usa comme un maître fort doux.
Concluons que la Providence 30
Sait ce qu’il nous faut mieux que nous.
Exercice complémentaire. — Racontez en détail la scène du
« marchandage », résumé dans les vers 3-14. Faites parler les person
nages au discours direct.
5. — LE COCHET *, LE CHAT ET LE SOURICEAU
Sources. — Abstémius ; Haudent ; Verdizotti.
Intérêt. — Chef-d’œuvre de fable ornée, d’un pittoresque admi
rable, d’une psychologie très fine ; les émerveillements, les naïvetés,
les prétentions aussi de la jeunesse sont exprimées à la perfection
par les propos du souriceau, débités sur un ton comiquement
épique. La mère Souris, au contraire, exprime posément la sagesse
expérimentée de la vieillesse. La Fontaine a rarement usé d’une
ironie aussi fine.
3. Vinée, récolte de vin, à plein les tonneaux. — 4. Température
des cieux : les aspects du ciel qui donnent le temps.