Page 239 - Les fables de Lafontaine
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PHÉBUS ET BORÉE 235
Un Fanfaron, amateur de la chasse,
Venant de perdre un chien de bonne race
Qu’il soupçonnait dans le corps d’un Lion,
Vit un Berger : « Enseigne-moi, de grâce,
De mon voleur, lui dit-il, la maison *, 5
Que *, de ce pas *, je me fasse raison *. »
Le Berger dit : « C’est vers cette montagne ;
En lui payant de tribut * un mouton
Par chaque mois 8, j’erre dans la campagne
Comme il me plaît, et je suis en repos. » 10
Dans le moment qu’ils tenaient ces propos,
Le Lion sort et vient d’un pas agile.
Le Fanfaron aussitôt d’esquiver *.
— « O Jupiter, montre-moi quelque asile,
S’écria-t-il, qui me puisse sauver! » 15
La vraie épreuve du courage
N’est que dans le danger que l’on touche du doigt.
Tel le cherchait, dit-il, qui, changeant de langage,
S’enfuit aussitôt qu’il le voit.
Exercice complémentaire. — Faites le portrait de Matamore,
le fanfaron.
3. — PHÉBUS * ET BORÉE *
Sources. — Avianus ; Corrozet ; Haudent ; Verdizotti.
Intérêt. — Fable didactique à développement pittoresque, de
ton héroï-comique, c’est-à-dire mêlé de grandiose et de familier.
La composition est remarquable d’aisance et de fermeté.
Borée * et le Soleil virent un Voyageur
Qui s’était muni, par bonheur,
8. Par chaque mois, combinaison pléonastique de deux expressions :
par mois, et chaque mois.