Page 229 - Les fables de Lafontaine
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LE SERPENT ET LA LIME 225
15. — LE CERF ET LA VIGNE
Sources. — Ésope ; Gabrias ; Faërne ; Haudent.
Intérêt. — Encore une fable ésopique La Fontaine s’est
contenté d’ajouter une émotion tout à fait étrangère à la fable
grecque.
Un Cerf, à la faveur d’une vigne fort haute
Et telle qu’on en voit en de certains climats *,
S’étant mis à couvert et sauvé du trépas,
Les veneurs * pour ce coup croyaient leurs chiens en faute.
Ils les rappellent donc. Le Cerf, hors de danger, 5
Broute sa bienfaitrice, ingratitude extrême!
On l’entend, on retourne, on le fait déloger,
Il vient mourir en ce lieu même1. «
— « J’ai mérité, dit-il, ce juste châtimçnt :
Profitez-en, ingrats! » Il tombe en ce moment. 10
La meute en fait curée *. Il lui fut inutile
De pleurer aux veneurs à sa mort arrivés2.
Vraie image de ceux qui profanent l’asile *
Qui les a conservés.
Exercice complémentaire. — Développez le récit très briève
ment résumé dans les vers 5-7, en faisant parlér la Vigne et le Cerf.
16. — LE SERPENT ET LA LIME
Sources. — Phèdre; Anonyme ; Corrozet ; Haudent.
Intérêt. — La Fontaine fait de cette fable une sorte de « satire
des satires », dirigée contre les critiques mesquins qui s’en prennent
aux chefs-d’œuvre. Soutenu par cette idée, il met dans toute sa
fable une ironie calme qui anime son récit.
1. Il vient mourir : il revient mourir (après une longue course) en ce
lieu même : au pied de la vigne qu’il a broutée. — 2. De pleurer aux
veneurs à sa mort arrivés : de pleurer devant les veneurs arrivés pour
le mettre à mort. La tradition voulait que, sur le point de mourir, le
cerf versât des larmes.