Page 224 - Les fables de Lafontaine
P. 224
220 FABLES. — LIVRE CINQUIÈME
Travaillez, prenez de la peine,
C’est le fonds * qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa fin prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoinsx.
—- « Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage * 5
Que nous ont légué nos parents :
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit, mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’Août *. 10
Creusez, fouillez, bêchez, ne laissez nulle place
Qù la main ne passe et repasse. »
2
Le père mort, les fils vous 1 retournent le champ
De çà * de là, partout, si bien qu’au bout de l’an
Il en * rapporta davantage. 15
D’argent, point de caché. Mais le père fut sage *
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.
Exercice complémentaire. — Continuez cette fable en faisant
l’éloge du travail.
10. — LA MONTAGNE QUI ACCOUCHE
Sources. — Phèdre ; Anonyme ; Corrozet ; Haudent. La pre
mière trace de cette fable est dans l’Art Poétique d’Horace, qui
raille les poètes prétentieux : « Parturiunt montes : nascetur ridiculus
mus », les montagnes accouchent : il naîtra une ridicule souris.
Intérêt. — La Fontaine, s’inspirant d’Horace, a tourné cette
fable en satire littéraire et lui a donné la forme d’une épigramme.
1. Sans témoins, parce qu’il veut leur confier un secret. — 2. Datif
éthique, 29, f.