Page 221 - Les fables de Lafontaine
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LE SATYRE ET LE PASSANT           217



                7.  — LE SATYRE ET LE PASSANT

         Sources. — Ésope ; Avianus ; Faërne ; Haudent ; Meslier.
         Intérêt. — Cette fable n’est qu’un bon mot mis en forme. La
        Fontaine en a tiré un petit poème en quatrains réguliers de sept
        syllabes, plein de vie et de pittoresque, qui rappelle un peu les
        poèmes des Parnassiens.
               Au fond d’un antre sauvage *,
               Un Satyre * et ses enfants
               Allaient manger leur potage *
               Et prendre l’écuelle aux dents *.

               On les eût vus, sur la mousse,          5
               Lui, sa femme et maint petit ;
               Ils n’avaient tapis ni housse *,
               Mais tous fort bon appétit.

               Pour se sauver de la pluie
               Entre un passant morfondu *.            10
               Au brouet * on le convie ;
               Il n’était pas attendu \
               Son hôte n’eut pas la peine
               De le semondré * deux fois ;
               D’abord, avec son haleine,             15
               Il se réchauffe les doigts.

               Puis, sur le mets qu’on lui donne,
               Délicat, il souffle aussi.
               Le Satyre s’en étonne :
               — « Notre hôte, à quoi bon ceci ?      20


         1. Ce vers exprime, en style indirect, l’excuse du Satyre au passant.
        S’il avait été attendu, on lui aurait offert mieux qu’un brouet.
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