Page 216 - Les fables de Lafontaine
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212        FABLES. — LIVRE CINQUIÈME

                Cette offre le 4 persuade.
                .Pot de fer, son camarade,             20
                Se met droit à ses côtés.
                Mes gens * s’en vont à trois pieds,
                Clopin-clopant, comme ils peuvent,
                L’un contre l’autre jetés
                Au moindre hoquet * qu’ils treuvent *.   25
        Le Pot de terre en * souffre : il n’eut pas fait cent pas
        Que, par son compagnon, il fut mis en éclats,
                Sans qu’il eût lieu de se plaindre.
        Ne nous associons qu’avecque * nos égaux,
                Ou bien il nous faudra craindre        30
                Le destin d’un de ces pots.
          Exercice complémentaire. —t Montrez que la fable I, 6, la
        Génisse, la Chèvre et la Brebis, repose sur la même idée directrice
        que celle-ci.




             3.  — LE PETIT POISSON ET LE PÊCHEUR
          Sources. — Ésope ; Avianus ; Haudent ; Meslier.
          Intérêt. — C’est le type même de la fable didactique, ornée
        d’un dialogue dramatique plein de vie.
               Petit poisson1 deviendra grand
               Pourvu que Dieu lui prête vie ;
               Mais le lâcher en attendant,
               Je tiens, pour moi, que c’est folie,
        Car, de le rattraper, il * n’est pas trop certain.   5
        Un carpeau2, qui n’était encore que fretin *,
        Fut pris par un pêcheur au bord d’une rivière.
        — « Tout fait * nombre, dit l’homme, en voyant son butin ;
        Voilà commencement de chère * et de festin.

         4. Le : le pot de terre.
         1. Article, 29, c. — 2. Carpeau, carpillon : petite carpe.
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