Page 222 - Les fables de Lafontaine
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218        FABLES. — LIVRE CINQUIÈME
             I
              — L’un refroidit mon potage,
              L’autre réchauffe ma main.
              — Vous pouvez, dit le sauvage *,
              Reprendre votre chemin.
              Ne plaise2 aux dieux que je couche      25
              Avec vous, sous même toit.
              Arrière ceux dont la bouche
              Souffle le chaud et le froid! »
        Exercice complémentaire. — Commentez les deux derniers vers
       en citant des exemples.




                8.  — LE CHEVAL ET LE LOUP

        Sources. — Ésope ; Aphthonius ; Gabrias ; Anonyme ; Faërne ;
       Corrozet ; Haudent.
        Intérêt. — Fable didactique, dans laquelle La Fontaine s’est
       diverti à développer le portrait du Loup, dont il1 fait un Tartuffe
       famélique et concupiscent, vigoureusement rappelé à la réalité
       par la riposte du cheval.

              Un certain * Loup, dans la saison
       Que * les tièdes Zéphyrs * ont l’herbe rajeunie1,
       Et que les animaux quittent tous la maison *
              Pour s’en aller chercher leur vie,
       Un Loup, dis-je, au sortir des rigueurs de l’hiver,   5
       Aperçut un Cheval qu’on avait mis * au vert.
              Je laisse à penser quelle joie!
      — « Bonne chasse, dit-il, qui * l’aurait à son croc * !
      Eh! que * n’es-tu mouton! car tu me serais hoc *,
      Au lieu qu’il faut ruser pour avoir cette proie.   10
      Rusons donc. » Ainsi dit *, il vient à pas comptés,
        2.  Subjonctif sans que, 30, a.
        1. Le passé composé exprime ici le résultat présent de l’action pas­
      sée : l’herbe est rajeunie par les Zéphyrs.
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