Page 227 - Les fables de Lafontaine
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LA POULE AUX ŒUFS D’OR 223
Le médecin. Tant-Pis allait voir un malade
Que visitait aussi son confrère Tant-Mieux.
Ce dernier espérait, quoique son camarade
Soutînt que le gisant1 irait voir ses aïeux2.
Tous deux s’étant trouvés différents pour la cure, 5
Leur malade paya tribut à la nature
Après qu’en ses conseils Tant-Pis eut été cru.
Ils triomphaient encor * sur * cette maladie.
L’un disait : « Il est mort, je l’avais bien prévu.
— S’il m’eût cru, disait Fautre, il serait plein de vie. » 10
Exercice complémentaire. -—Faites les portraits antithétiques
des Docteurs Tant-Pis et Tant-Mieux.
13. — LA POULE AUX ŒUFS D’OR
Sources. — Ésope ; Gabrias ; Avianus ; Corrozet ; Haudent ;
Meslier.
Intérêt. — Fable didactique, au récit succinct et à la morale
bien en vue, tout à fait dans le genre d’Ésope.
L’avarice * perd tout en voulant tout gagner.
Je ne veux, pour le témoigner *,
Que celui dont la poule, à ce que dit la fable1,
Pondait tous les jours un œuf d’or.
Il crut que, dans son corps, elle avait un trésor. 5
Il la tua, l’ouvrit, et la trouva semblable
A celles dont les œufs ne lui rapportaient rien,
S’étant lui-même ôté le plus beau * de son bien *.
Belle leçon pour les gens chiches!
Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus 10
1. Le malade qui gisait sur son lit. — 2. Aller voir ses aïeux,
pour : mourir. Périphrase, 24, d.
1. La fable d’Ésope.
LES FABLES DE LA FONTAINE. 8