Page 209 - Les fables de Lafontaine
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L’ALOUETTE ET SES PETITS          205

       On l’emporte, on la sale, on en fait maint repas   35
              Dont maint voisin s’éjouit * d’être.

       Phèdre, sur ce sujet, dit fort élégamment :
              Il n’est * pour voir que l’œil du Maître.
       Quant à moi, j’y mettrai encor * l’œil de l’amant *.

         Exercice complémentaire. — Rapprochez cette fable de XI, 3,
       le Fermier, le Chien et le Renard, et, de ces deux textes, tirez le
       portrait du Maître de maison.




               22.  — L’ALOUETTE ET SES PETITS,
                AVEC LE MAITRE D’UN CHAMP

         Sources. — Avianus ; Faërne ; Haudent. Aulu-Gelle cite égale­
       ment cette fable dans ses Nuits Attiques (II, 29).
         Intérêt. — Cette fable ressemble d’une façon frappante à la
       fable 8 du livre Ier : l'Hirondelle et les petits Oiseaux. C’est, dans
       les deux fables, la même profusion de détails pittoresques, la
       même disposition des personnages : l’Alouette et l’Hirondelle
       faisant également les protagonistes devant le chœur des petits
       oiseaux, et jusqu’au même procédé très simple de progression
       dramatique : le portrait de l’alouette étant suivi de trois épisodes
       concentriques, comme le portrait de l’hirondelle. Mais le ton
       général des deux fables est différent : la fable de l’Hirondelle est
       pessimiste, tandis que celle de l’Alouette est toute fleurie du
       plus souriant optimisme. C’est assurément un des chefs-d’œuvre
       poétiques de La Fontaine.

       Ne t’attends * qu’à toi seul : c’est un commun *proverbe.
                 Voici comme * Ésope le mit
                        En crédit * :

               Les alouettes font leur nid
               Dans les blés, quand ils sont en herbe,   5
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