Page 202 - Les fables de Lafontaine
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19» FABLES. — LIVRE QUATRIÈME
Tu mangeras mon fils ? l’ai-je fait à dessein
Qu’il assouvisse un jour ta faim ? »
On assomma la pauvre bête. 30
Un mariant * lui coupa le pied droit et la tête 4 ;
Le seigneur * du village à sa porte les mit 5 ;
Et ce dicton picard à l’entour * fut écrit :
Biaux chires leups, n’écoutez mie
Mères tenchent chen fieux qui crie 6. 35
Exercice complémentaire. — D’après ces deux fables, faites le
portrait du Loup.
17. — PAROLE DE SOCRATE
Source. — Phèdre.
Intérêt. — Il s’agit seulement d’un bon mot mis en vers avec
un décor pittoresque.
Socrate, un jour, faisant bâtir,
Chacun censurait * son ouvrage *.
L’un trouvait les dedans *, pour ne lui point mentir,
Indignes d’un tel personnage ;
L’autre blâmait la face *, et tous étaient d’avis 5
Que les appartements * en étaient trop petits.
Quelle maison pour lui! L’on y tournait à peine.
— « Plût au Ciel que de vrais amis,
Telle qu’elle est, dit-il, elle pût être pleine! »
Le bon * Socrate avait raison 10
De trouver pour ceux-là1 trop grande sa maison.
Chacun se dit ami ; mais fol * qui s’y repose 2 !
Rien n’est plus commun que ce nom.
Rien n’est plus rare que la chose.
Exercice complémentaire. — Pensez-vous, avec Socrate et La
Fontaine, que les vrais amis soient la chose la plus rare?
4. On coupait ainsi ces parties des bêtes nuisibles pour les porter
au seigneur qui payait une prime. Cet usage existe encore. — 5. A
la fois comme trophée et pour effrayer les autres loups. —- 6. Beau
Sire Loup, n’écoutez pas Mère tançant son fils qui crie.
1. Les vrais amis. -— 2. Qui s’y repose : qui se fie (à ce nom d’ami).