Page 200 - Les fables de Lafontaine
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196        FABLES. — LIVRE QUATRIÈME


        15.  — LE LOUP, LA CHÈVRE ET LE CHEVREAU

             16.  — LE LOUP, LA MÈRE ET L’ENFANT
          Sources. — XV. Anonyme ; Corrozet ; Haudent ; Meslier.
         XVI. Ésope ; Aphthonius ; Avianus ; Faërne ; Haudent.
         Intérêt. — XV. Fable didactique, dont le récit, gracieusement
        conduit, est admirablement rehaussé de pittoresque réaliste.
         XVI. Avec son pittoresque réaliste, ses héros tout populaires
        et bien localisés, son vif mouvement dramatique, cette fable rap­
        pelle tout à fait l’art populaire des fabliaux.

        La Bique, allant remplir sa traînante mamelle
               Et paître l’herbe nouvelle,
               Ferma sa porte au loquet1,
               Non sans dire à son biquet :
               — « Gardez-vous, sur votre vie *,        5
               D’ouvrir, que * l’on ne vous die *,
               Pour enseigne * et mot du guet * :
                      2
               Foin du1 Loup et de sa race ! »

               Comme elle disait ces mots,
               Le Loup, de * fortune, passe.           ic
               Il lés recueille à propos
               Et les garde en sa mémoire.
               La Bique, comme on peut croire,
               N’avait pas vu le glouton *.
        Dès qu’il la voit partie, il contrefait son ton   15
               Et, d’une voix papelarde *,
        Il demande qu’on ouvre en disant : Foin du Loup!
             Et croyant entrer tout d’un coup.
        Le Biquet, soupçonneux, par la fente regarde.
        — « Montrez-moi patte blanche, ou je n’ouvrirai point, » 20
        S’écria-t-il d’abord *. (Patte blanche est un point

         1. Il s’agit d’un loquet qui bloque la porte quand on la tire, mais
        qui, faute d’une gâchette extérieure, ne peut s’ouvrir que de l’intérieur. —
        2. Foin de : A bas le...
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