Page 195 - Les fables de Lafontaine
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TRIBUT ENVOYÉ PAR LES ANIMAUX A ALEXANDRE 191
               Que, de cette double proie,
               L’oiseau se donne au cœur * joie,
               Ayant de cette façon                 40
               A souper chair et poisson 6.
               La ruse la mieux ourdie *
               Peut nuire à son inventeur,
               Et souvent la perfidie
               Retourne * sur son auteur.           45
       Exercice complémentaire. — Récrivez cette fable en exprimant
      le dialogue au style direct.




         12.  — TRIBUT ENVOYÉ PAR LES ANIMAUX
                       A ALEXANDRE

       Source. — Gilbert Cousin, de Jovis Ammonis oraculo.
       Intérêt. — Fable poétique, remarquable par les nuances adroite­
      ment variées du ton : elle commence sur le ton épique, passe au
      ton de l’histoire, continue sur le ton du portrait-charge et s’achève
      en satire ; un vernis constant d’ironie donne à l’ensemble son
      unité.
      Une fable avait cours parmi * l’antiquité1
         Et la raison n’en m’est pas connue.
      Que le lecteur en tire une moralité :
             Voici la fable toute nue *.
         La Renommée * ayant dit en cent lieux       5
      Qu’un fils de Jupiter *, un certain Alexandre *,
      Ne voulant rien laisser de libre sous les cieux,
             Commandait que, sans plus attendre,
             Tout peuple à ses pieds s’allât rendre *,
       6. Les repas de poisson sont les repas maigres, les repas de viande
      sont les repas gras ; l’union des deux fait un repas plantureux.
       1. Affirmation toute gratuite, on ne voit nulle trace de cette fable chez
      les auteurs anciens ; mais La Fontaine aime se donner ainsi de fausses
      autorités : voir VII, fable 3.
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