Page 190 - Les fables de Lafontaine
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186 FABLES. — LIVRE QUATRIÈME
De telles gens il est beaucoup 35
Qui prendraient Vaugirard pour Rome 5
Et qui, caquetant au plus dru *,
Parlent de tout et n’ont rien vu.
Le Dauphin rit, tourne la tête
Et, le magot considéré, 40
Il s’aperçoit qu’il n’a tiré
Du fond des eaux rien qu’une bête.
Il l’y replonge, et va trouver
Quelque homme, afin de le sauver.
Exercice complémentaire. — Contez, à votre tour, cette his
toire, dans le style des contes de fées.
8. — L’HOMME ET L’IDOLE DE BOIS
Sources. — Ésope ; Corrozet ; Haudent ; Meslier.
Intérêt. — Fable didactique, un peu lourdement contée et
longuement moralisée ; elle n’est pas des meilleures.
Certain * Païen, chez lui, gardait un dieu de bois,
De ces dieux qui sont sourds, bien qu’ayant des oreilles1.
Le Païen, cependant, s’en promettait merveilles ;
II2 lui coûtait autant que trois :
Ce n’était que vœux * et qu’offrandes, 5
Sacrifices de bœufs, couronnés de guirlandes.
Jamais idole *, quel qu’il fût,
N’avait eu cuisine si grasse,
Sans que, pour tout ce culte, à son hôte il échut
Succession, trésor, gain au jeu, nulle grâce. 10
5. Vaugirard était alors un village assez éloigné de Paris.
1. Allusion au Psaume : Aures habent et non audient. — 2. Il : le
dieu.