Page 188 - Les fables de Lafontaine
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184         FABLES. — LIVRE QUATRIÈME

               Mais les seigneurs, sur leur tête
               Ayant chacun un plumail *,
               Des cornes * ou des aigrettes,
               Soit comme marques d’honneur,
               Soit afin que les Belettes             40
               En conçussent plus de peur,
               Cela causa leur malheur :
               Trou ni fente ni crevasse
               Ne fut 9 large assez pour eux,
               Au lieu que la populace                45
               Entrait dans les moindres creux.
               La principale jonchée *
               Fut donc des principaux rats.
               Une tête empanachée
               N’est pas petit embarras.              50
               Le trop superbe équipage *
              Peut souvent, en un passage,
               Causer du retardement10.
               Les petits, en toute affaire *,
              Esquivent * fort aisément ;             55
               Les grands ne le peuvent faire.
         Exercice complémentaire. — Racontez, sur le mode burlesque,
       la guerre des Fourmis noires contre les Fourmis rouges.




                1.  — LE SINGE ET LE DAUPHIN

         Sources. — Ésope ; Haudent ; Meslier.
         Intérêt. — Cette fable n’est pas autre chose qu’un conte amu­
       sant, conté posément, clairement, avec une pointe d’ironie, sans
       grand souci d’exprimer une morale. Le dialogue est naturel et
       comique. L’emploi continu du vers de huit syllabes, vers narratif
       par excellence, souligne l’intention de conter, purement et sim­
       plement.
         9. Accord, 29, a. — 10. Un passage : une issue où il faut passer ;
       retardement est un doublet archaïque de retard.   (
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