Page 182 - Les fables de Lafontaine

178 FABLE3. — LIVRE QUATRIÈME
De ce qu’on sert devant les dieux,
Croyez-vous qu’il * en vaille mieux ?
Si vous entrez partout, aussi font * les profanes *. 25
Sur la tête des rois et sur celle des ânes
Vous allez vous planter 7, je n’en disconviens pas ;
Et * je sais que, d’un prompt trépas,
Cette importunité est bien souvent punie.
Certain ajustement *, dites-vous, rend jolie. 30
J’en conviens : il est noir, ainsi que vous et moi.
Je veux * qu’il ait nom « mouche » ; est-ce un sujet * pourquoi
Vous fassiez sonner vos mérites ?
Nomme-t-on pas aussi mouches les parasites * ?
Cessez donc de tenir un langage si vain, 35
N’ayez plus ces hautes * pensées.
Les mouches de Cour 8 sont chassées,
Les mouchards sont pendus 9 ; et vous mourrez de faim,
Vie hoid, de \angue\n, de m'wt,

.
Quand Phébus * régnera sur un autre hémisphère 10 * 40
Alors, je jouirai du fruit * de mes travaux11.
Je n’irai par monts ni par vaux
M’exposer au vent, à la pluie.
Je vivrai sans mélancolie.
Le soin que j’aurai pris, de soin * m’exemptera. 45
Je vous enseignerai par là
Ce que c’est qu’une fausse ou véritable gloire *.
Adieu. Je perds le temps * ; laissez-moi travailler.
Ni mon grenier ni mon armoire
Ne se remplit12 à babiller. 50
Exercice complémentaire. — Composez un dialogue du même
genre entre le Papillon et l’Abeille.

7. Planter répond pour le sens et pour le ton à : vous campez-vous ?
du vers 12. — 8. Mouches de cour : les fâcheux, les importuns qui
prétendaient s’implanter à la cour. — 9. Les mouchards sont les espions
qui, en effet, étaient pendus et non faits prisonniers. — 10. Sur l’hémi­
sphère sud ; ce sera alors l’hiver dans notre hémisphère ; la fourmi fait
une périphrase pompeuse. — 11. En réalité, elle dormira.— 12. Accord,
29, a.