Page 179 - Les fables de Lafontaine
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LE BERGER ET LA] MER            175

             On vous les rogne, et, pour les dents,
             Qu’on vous les lime en même temps.
             Vos baisers en seront moins rudes,
             Et, pour tous, plus délicieux ;         50
             Car ma fille y répondra mieux,
             Étant sans ces inquiétudes 9. »
             Le Lion consent à cela,
             Tant son âme était aveuglée.
             Sans dents ni griffes, le voilà,        55
                                    .
             Comme place démantelée10 *
             On lâcha sur lui quelques chiens ;
             Il fit fort peu de résistance11.
             Amour! Amour! quand tu nous tiens,
             On peut bien dire : Adieu, prudence!    60
        Exercice complémentaire. — Développez le récit des événements
      résumés dans les vers 53-58, en montrant les sentiments du Lion.



                2.  — LE BERGER ET LA MER
        Sources. — Ésope ; Haudent ; Meslier.
        Intérêt. — Fable didactique, à morale largement développée.
      La lutte entre le Berger et la Mer est traitée de façon dramatique,
      en quatre actes presque symétriques, commençant par des alexan­
      drins pour se terminer sur des octosyllabes. Ce rythme, joint à
      l’ampleur de quelques vers magnifiquement poétiques, donne
      une forte teinte poétique à cette fable.

      Du rapport d’un troupeau dont il vivait sans soins *
      Se contenta longtemps un voisin d’Amphitrite * L
             Si sa fortune était petite,
             Elle était sûre tout au moins.

        9. Ces inquiétudes que lui donneraient vos grosses dents. — 10. Place
      forte dont les fortifications ont été rasées. — 11. Peu de résistance
      pour s’en aller.
        1.  Inversion pittoresque, 23, y.
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