Page 167 - Les fables de Lafontaine
P. 167
LE CYGNE ET LE CUISINIER 163
11. — LE RENARD ET LES RAISINS
Sources. — Ésope ; Gabrias ; Phèdre ; Haudent.
Intérêt. — Fable brève, selon la tradition antique. La Fontaine
y prouve qu’il pourrait, s’il le voulait, concilier la brièveté tra
ditionnelle de la fable avec le pittoresque et la malice qui lui
sont propres.
Certain Renard gascon *, d’autres disent normand *,
Mourant presque de faim, vit au haut d’une treille *
Des raisins mûrs apparemment *
Et couverts d’une peau vermeille.
Le galant * en eût fait volontiers un repas, 5
Mais, comme il n’y pouvait atteindre1 :
— « Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats *. »
Fit-il pas mieux 2 que de se plaindre ?
Exercice complémentaire. — Transposez cette fable dans le
monde humain, en suivant autant que possible le texte de La Fontaine.
12. — LE CYGNE ET LE CUISINIER
Sources. — Ésope ; Aphthonius ; Haudent.
Intérêt. — Ce n’est certainement pas une des meilleures fables
de La Fontaine. On n’y retrouve ni la précision du pittoresque,
ni l’esprit, ni le mouvement dramatique qui enchantent ailleurs.
Deux vers traduits mal à propos de Virgile mettent même, au
milieu, une singulière obscurité.
Dans une ménagerie *
De volatiles • remplie
Vivaient le Cygne et l’Oison * :
Celui-là destiné * pour les regards du maître,
Celui-ci pour son goût ; l’un, qui se piquait * d’être 5
Commensal * du jardin ; l’autre, de la maison.
1. Y atteindre : atteindre jusqu’aux raisins, plus expressif que : les
atteindre. — 2. Négation, 29, k.