Page 144 - Les fables de Lafontaine
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140         FABLES. — LIVRE DEUXIÈME

                   Est-il quelque oiseau sous les cieux
                   Plus que toi capable de plaire?
           Tout animal n’a pas toutes * propriétés4.
           Nous 5 vous avons donné diverses * qualités :   20
           Les uns 6 ont la grandeur et la force en partage ;
           Le faucon * est léger *, l’aigle plein de courage ;
                  Le corbeau sert pour le présage,
           La corneille * avertit des malheurs à venir 7.
                  Tous sont contents de leur ramage.      25
           Cesse donc de te plaindre ; ou bien, pour te punir,
                    Je t’ôterai ton plumage. »
            Exercice complémentaire. — Récrivez cette fable en tâchant
           de la rendre pittoresque et dramatique.



           18. — LA CHATTE MÉTAMORPHOSÉE EN FEMME
            Sources. — Ésope ; Gabrias ; Corrozet ; Haudent.
            Intérêt. — Cette fable n’est pas plus que la précédente, une
          des meilleures de La Fontaine ; la narration est laborieuse, sans
          beaucoup d’esprit ni de pittoresque, et la leçon morale pesam­
          ment développée. La Fontaine a repris ce sujet, mais avec une
          tout autre fantaisie, dans la fable 7 du livre IX : la Souris méta­
          morphosée en fille.
          Un homme chérissait éperdûment sa Chatte :
          Il la trouvait mignonne, et belle, et délicate,
                  Qui1 miaulait d’un ton fort doux.
                  Il était plus fou que les fous.

            4. Toutes propriétés : tous les avantages, tous les privilèges. — 5. Nous,
          les dieux ; pluriel de majesté. — 6. Les uns ; après ce pronom, on attendrait
          les autres, qui est remplacé par l’énumération des vers suivants. —
          7. Phèdre dit que le corbeau sert aux augures et la corneille aux pré­
          sages qui viennent de la gauche (augurium corvo, lava cornici omina) ;
          La Fontaine confond lava avec sinistra, qui lui suggère sinistre ; d’où :
          les malheurs. En réalité, corbeaux et corneilles sont également, pour les
          Latins, des oiseaux à présages ; le sens de ces présages dépend des cir­
          constances.
           1.  Relatif séparé de son antécédent, 29, x.
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