Page 140 - Les fables de Lafontaine
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136 FABLES. — LIVRE DEUXIÈME
Grenouilles de rentrer dans leurs grottes * profondes. 25
— « Oh! dit-il, j’en fais faire autant
Qu’on m’en fait faire! ma présence
Effraie aussi les gens ! je mets l’alarme * au camp !
Et d’où me vient cette vaillance ?
Comment ! des animaux qui tremblent devant moi ? 30
Je suis donc un foudre * de guerre ?
Il n’est, je le vois bien, si poltron sur la terre
Qui ne puisse trouver un plus poltron que soi. »
Exercice complémentaire. — Faites le portrait du Fanfaron,
brusquement décontenancé par quelque péril imaginaire.
13. — LE COQ ET LE RENARD
Sources. —- Haudent ; Guéroult ; Hégémon ; Meslier.
Intérêt. — Cette fable est dans le goût des fabliaux dont elle
est issue : c’est un conte de malice et d’astuce, où triomphe l’esprit
de tromperie. Il est permis de faire des réserves sur la morale,
mais l’art avec lequel La Fontaine peint l’assaut de ruse des deux
personnages est d’excellente comédie ; c’est en petit la scène de
Tartuffe trompé par Elmire (1667).
Sur la branche d’un arbre était * en sentinelle
Un vieux Coq adroit et matois * x.
— « Frère, dit un Renard adoucissant sa voix,
Nous ne sommes plus en querelle * :
Paix générale cette fois. 5
Je viens te l’annoncer ; descends, que je t’embrasse * ;
Ne me retarde point, de grâce :
Je dois faire aujourd’hui vingt postes * sans manquer *.
Les tiens et toi pouvez vaquer
Sans nulle crainte à vos affaires ; 10
Nous vous y servirons en frères.
1. Inversion pittoresque, 23, y.