Page 135 - Les fables de Lafontaine
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LE LION ET LE RAT ’3i
11. — LE LION ET LE RAT
12. — LA COLOMBE ET LA FOURMI
Sources. —■ XI. Ésope ; Abstémius ; Corrozet ; Haudent. Marot
a conté agréablement ce récit à son ami Léon Jamet dans l’épître
qu’il écrivit en 1525 « pour être délivré de prison ».
XII. Ésope ; Corrozet ; Haudent ; Meslier.
Intérêt. — Fables didactiques, modèles de fables ornées. Le récit
est limité, sans sécheresse et sans développement complaisant.
Mais ce simple récit, parfait de naturel, est orné de vers admi
rablement pittoresques.
Il faut autant qu’on peut obliger tout le monde,
On a souvent besoin d’un plus petit que soi.
De cette vérité deux fables feront foi *,
Tant la chose en preuves abonde.
Entre les pattes d’un Lion, 5
Un Rat * sortit de terre assez à l’étourdie.
Le roi des animaux, en cette occasion,
Montra ce qu’il était et lui donna la vie.
Ce bienfait ne fut pas perdu.
Quelqu’un aurait-il jamais cru 10
Qu’un Lion d’un Rat eût affaire * ?
Cependant, il advint qu’au sortir des forêts
Ce Lion fut pris dans des rets *
Dont ses rugissements ne le1 purent défaire.
Sire * Rat accourut et fit tant par ses dents 15
Qu’une maille rongée 2 emporta * tout l’ouvrage.
Patience et longueur de temps
Font plus que force ni que rage.
1. Complément de l’infinitif, 29, d. — 2. Adjectif à sens fort,
29, b.