Page 124 - Les fables de Lafontaine
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120        FABLES. — LIVRE DEUXIÈME

                Or un jour, qu’au haut * et au loin3,
                Le galant * alla chercher femme,       10
         Pendant tout le sabbat qu’il fit avec sa dame,
         Le demeurant * des Rats tint chapitre * en un coin
                Sur la nécessité * présente.
         Dès l’abord, leur doyen *, personne fort prudente,
         Opina * qu’il fallait, et plus tôt que plus tard 4,   15
         Attacher un grelot au cou de Rodilard ;
                Qu’ainsi, quand il irait en guerre,
         De sa marche avertis, ils s’enfuiraient sous terre ;
                Qu’il n’y savait que ce moyen 5.
         Chacun fut de l’avis de Monsieur le Doyen,    20
         Chose • ne leur parut à tous plus salutaire.
         La difficulté fut d’attacher le grelot.
         L’un dit : « Je n’y vas * point, je ne suis pas si sot! »
         L’autre : « Je ne saurais *. » Si bien que sans rien faire
            On se quitta. J’ai maints chapitres vus    25
            Qui pour néant se sont ainsi tenus,
         Chapitres, non de Rats, mais chapitres de moines,
                Voire * chapitres de chanoines.
              z
                Ne faut-il que délibérer ?
                La Cour * en conseillers foisonne.     30
                Est-il besoin d’exécuter?
                L’on ne rencontre plus personne.

          Exercice complémentaire. — Décrivez en détail le conseil des
        Rats : attitude des conseillers, portrait de M. le Doyen, son dis­
        cours, comment il est accueilli, résultat final.







          3.  Au haut et au... trois hiatus successifs, sans doute pour imiter
        les miaulements du matou, 27, d. —■ 4. Plus tôt que plus tard, brachy-
        logie usuelle et très claire, pour l’impossible : plutôt plus tôt que plus
        tard. — 5. Style indirect, 29, z.
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