Page 128 - Les fables de Lafontaine
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124 FABLES. — LIVRE DEUXIÈME
Je suis souris! vivent les rats!
Jupiter confonde les chats6! »
Par cette adroite repartie *
Elle sauva deux fois sa vie. 30
Plusieurs se sont trouvés qui, d’écharpe 6 changeants 7,
Aux dangers, ainsi qu’elle, ont souvent fait la figue *.
Le sage • dit, selon les gens :
Vive le Roi! vive la Ligue!
Exercice complémentaire. — Dites ce que vous pensez de la
sagesse qui consiste à changer son personnage selon les circonstances,
pour se tirer d’affaire.
6. — L’OISEAU BLESSÉ D’UNE FLÈCHE
*
Sources. — Ésope ; Aphthonius ; Gabrias ; Haudent.
Intérêt. — Cette fable est dans le genre des épigramtnes de
l’Anthologie, petits poèmes enfermant l’expression condensée et
imagée d’une pensée spirituelle ou émue. C’est, d’ailleurs, un
chef-d’œuvre du genre.
Mortellement atteint d’une flèche empennéex,
Un oiseau déplorait sa triste destinée,
Et disait, en souffrant un surcroît 2 de douleur :
— « Faut-il contribuer à son propre malheur ?
Cruels humains, vous tirez de nos ailes 5
De quoi * faire voler ces machines * mortelles!
Mais, ne vous moquez point, engeance * sans pitié :
Souvent il vous arrive un sort comme le nôtre 3.
5. Subjonctif sans que, 30, c. — 6. Sous la Ligue, au XVIe siècle,
les royalistes portaient une écharpe blanche et les ligueurs une écharpe
verte. -— 7. Accord du participe présent, 29, p.
1. Montée sur des pennes, ou longues plumes des ailes de l’oiseau.
■— 2. Ce surcroît de douleur est expliqué par le vers suivant. —
3. Comprenez : vous subissez un sort pareil au nôtre.