Page 119 - Les fables de Lafontaine
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LE CHÊNE ET LE ROSEAU           US

      On fait tant, à la fin, que l’huître est pour le juge,
             Les écailles pour les plaideurs.

        Exercice complémentaire. — De la fable précédente, rapprochez :
      II, 3 ; VII, i ; VII, 15 ; IX, 9 ; X, 1 ; XII, 27, et déduisez-en les
      idées de La Fontaine sur la Justice humaine.




              22.  — LE CHÊNE ET LE ROSEAU

       Sources. — Ésope ; Gabrias ; Aphthonius ; Avianus ; Absté-
     mius ; Haudent ; Meslier.
       Intérêt. — Chef-d’œuvre de la fable poétique. Là poésie est
     faite de pittoresque, évoquant le cadre de la nature et les forces
     qui s’y déchaînent, de l’antithèse qui oppose les deux personnages
     dans leurs propos et leurs attitudes, du ton dont la noblesse avoi­
     sine l’épopée. La morale se dégage d’elle-même des derniers vers,
     d’une magnifique ampleur. Même sous les mains de La Fontaine,
     la fable ornée a rarement atteint une telle perfection.
            Le Chêne, un jour, dit au Roseau1 :
     — « Vous avez bien sujet * d’accuser la nature * ;
     Un roitelet *, pour vous, est un pesant fardeau.
             Le moindre vent qui, d’aventure *,
             Fait rider la face * de l’eau           5
            Vous oblige à baisser la tête 2.
     Cependant que * mon front, au Caucase *, pareil,
     Non content d’arrêter les rayons du soleil,
             Brave l’effort * de la tempête.
     Tout vous est aquilon * ; tout me semble zéphyr * 3   10
     Encor *, si vous naissiez à l’abri du feuillage
             Dont * je couvre le voisinage,
             Vous n’auriez pas tant à souffrir :
             Je vous défendrais de l’orage *.

       1. Entrée en matière directe, 26, b. — 2. Allusion, 23, e. — 3. Les
     vers 3-10 présentent une succession d’antithèses typiques, 23, g.
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