Page 117 - Les fables de Lafontaine
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LES FRELONS ET L£S MOUCHES A MIEL       113

             Un jour, un Coq détourna1
             Une Perle, qu’il donna
             Au beau * premier lapidaire *.
             —  « Je la crois fine, dit-il,
             Mais le moindre grain de mil           5
             Serait bien mieux mon affaire. »
             Un ignorant hérita
             D’un manuscrit qu’il porta
             Chez son voisin, le libraire,
             —  « Je crois, dit-il, qu’il est bon,   10
             Mais le moindre ducaton *
             Serait bien mieux mon affaire. »

      Exercice complémentaire. — Sur le modèle de La Fontaine,
    tournez une épigramme où vous montrerez : 1. des veaux devant un
    magnifique coucher de soleil : 2. des sots devant une galerie de ta­
    bleaux de maîtres.




      21.  — LES FRELONS ET LES MOUCHES A MIEL
      Source. — Phèdre.
     Intérêt. — Fable de satire sociale, contre les longueurs de la
    justice. La Fontaine fait lui-même le rapprochement avec « l’Huître
    et les Plaideurs », dont le sujet courait alors, et qu’il devait traiter
    dans la fable 9 du livre IX. L’intérêt, ici, est surtout dans la parodie
    comique des formes de la justice, d’où l’emploi des termes tech­
    niques en kyrielles. A rapprocher des Plaideurs, de Racine, qui
    sont exactement contemporains (1668).
           A l’œuvre on connaît * l’artisan *.

    Quelques rayons de miel sans maître se trouvèrent.
           Des frelons les réclamèrent.
           Des abeilles s’opposant *,

     1. Détourna, mit de côté, comme immangeable.
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