Page 116 - Les fables de Lafontaine
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112 FABLES. — LIVRE PREMIER
Le Ciel permit qu’un saule se trouva 5
Dont le branchage, après Dieu, le sauva.
S’étant pris, dis-je, aux branches de ce saule,
Par cet endroit, passe un Maître d’école2.
L’Enfant lui crie : « Au secours ! je péris ! »
Le Magister *, se tournant à ses cris, 10
D’un ton fort grave, à contre-temps, s’avise
De le tancer : « Ah ! le petit babouin * !
Voyez, dit-il, où l’a mis sa sottise !
Et puis, prenez, de tels fripons * le soin !
Que les parents sont malheureux, qu’il faille 15
Toujours veiller à semblable canaille * !
Qu’ils ont de maux, et que je plains leur sort ! »
Ayant tout dit, il mit l’Enfant à bord * 3.
Je blâme ici plus de gens qu’on ne pense.
Tout babillard, tout censeur *, tout pédant * 20
Se peut connaître * au discours * que j’avance ;
Chacun des trois fait un peuple * fort grand.
Le Créateur en a béni l’engeance *.
En toute affaire, ils ne font que songer
Aux moyens d’exercer leur langue. 25
Hé, mon ami! tire-moi de danger,
Tu feras après ta harangue.
Exercice complémentaire. — Faites le portrait du sot babillard,
d'après La Fontaine.
20. — LE COQ ET LA PERLE
«
Sources. — Phèdre ; Haudent.
Intérêt. — Cette fable est, en réalité, une épigramme, par
sa brièveté pittoresque, sa composition symétrique, la malice du
trait final.
V , - •
2. S’étant pris... un Maître, Syllepse, 24, j. — 3. Conclusion brève,
26, g.