Page 114 - Les fables de Lafontaine
P. 114
IIO FABLES. — LIVRE PREMIER
— « Je vous rends, leur dit-il, mille grâces, les Belles *,
Qui m’avez si bien tondu ; 25
J’ai plus gagné que perdu,
Car, d’Hymen *, point de nouvelles *.
Celle que je prendrais voudrait qu’à sa façon
Je vécusse, et non à la mienne.
Il n’est tête chauve qui tienne 3, 30
Je vous suis obligé, Belles, de la leçoii. »
Exercice complémentaire. —■ Faites, sur le mode comique, le
portrait du grison entre les deux veuves qui le « festonne ».
18. — LE RENARD ET LA CIGOGNE
Sources. — Phèdre ; Anonyme ; Corrozet.
Intérêt. — Fable purement didactique, type de la fable ornée.
Tout l’intérêt est dans l’art de la narration : présentation comique
des personnages, le rôle en lumière étant celui du Renard ; prépa
ration des péripéties ; mouvement de l’action ; vivacité pitto
resque du dénouement. La morale se déduit tout naturellement
du récit. Le ton est d’un réalisme familier.
Compère • le Renard se mit un jour en frais
Et retint à dîner * commère • la Cigogne.
Le régal • fut petit et sans beaucoup d’apprêts :
Le galant *, pour toute besogne *,
Avait un brouet • clair (il vivait chichement). 5
Ce brouet fut par lui servi sur une assiette ;
La Cigogne au long bec n’en put attraper miettex,
Et le drôle • eut lapé le tout en un moment.
Pour se venger de cette tromperie,
A quelque temps de là, la Cigogne le prie *. 10
— « Volontiers, lui dit-il, car, avec mes amis,
Je ne fais * point cérémonie. »
A l’heure dite, il courut au logis
3. Traduisez : bien que vous m’ayez rendu chauve.
1. Négation, 29, k.