Page 89 - Vincent_Delavouet
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péries, ni les privations et risquent même leur vie pour rester
seuls, sans aucune défense que leur Foi, pendant quelquefois
un ou deux mois parmi ces tribus d’indiens et d’Esquimaux,
agissant ainsi simplement par la croyance d’une récompense
céleste !
Les habitations de ces peuplades sont des plus primitives.
Quoique le bois se trouve dans ces régions en abondance, ils
ne se construisent pas de huttes l’hiver, mais creusent la
terré à une certaine profondeur, de manière à former une
pièce carrée de la dimension qui leur est nécessaire.
Puis, une simple trappe leur sert de porte, fenêtre, d’aé
ration et exutoire pour la fumée à évacuer.
C’est ainsi qu’ils passent l’hiver en famille, couchés sur des
branchages en osier. Pendant que les hommes vont à la
chasse, les femmes s’occupent des soins du ménage, de l’entre
tien de la pelleterie. Leur nourriture se compose principale
ment de poisson séché l’été au soleil. En été, ils quittent leurs
souterrains et vont camper n’importe où, dans la montagne
ou dans la forêt, sous une hutte ou à la belle étoile quelque
fois, au bord d’une rivière, leur canot d’écorce retourné sur
eux !
Chapitre XXVIII
Retour de l’Alaska
Nous quittâmes donc ce fort hospitalier au bout de
quinze jours, c’est-à-dire dans le commencement de
l’année 19Q6, après avoir pris un repos bien gagné. Puis
nous voilà à nouveau lancés sur la neige avec nos traîneaux à
l’aventure, quoique notre chemin fût assez facile à repérer,
avec les poteaux télégraphiques qui sillonnaient notre route.
Mais le froid devint terrible, à tel point que, malgré les
plus sérieuses précautions, l’un de nos compagnons mourut
de froid une nuit, sans souffrance, sans même que nous nous
en apercevions. Il gela ! Une semaine s’écoula encore et
nous eûmes à déplorer la nouvelle perte de l’un des télé

