Page 93 - Vincent_Delavouet
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Dans ces conditions, le commerce fait de fructueuses
recettes, ce dont je m’aperçus pour ma part.
Mais les maisons de jeux et tripots^ tolérés à cette époque,
leur ramassaient le plus clair de* leur gain. On comptait alors
une vingtaine de- maisons de jeux et dans chacune huit
ou dix tables en pleine activité.
Je ne reviendrai pas à nouveau sur la description de ces
mines de cuivre dont j’ai indiqué le type dans un chapitre
précédent ; mais j’insisterai sur cet inconvénient de mélange
de soufre au combustible, rendant l’air de la ville presque
irrespirable et empoisonnant les arbres des forêts.; à plus de
dix kilomètres à la ronde-, tous ces arbres étaient secs.
Aussi, les commerçants ne restaient guère plus de huit à
dix ans, dans ce pays, et il fallait* des tempéraments solides
pour que les ouvriers et mineurs puissent travailler: dans
cette fournaise infecte.
Tout le charbon et le coke servant à alimenter ces hauts
fourneaux proviennent de Montana, tout proche, où les
mines de charbon sont en abondance. Sans ces fumées
âcres et nauséabondes, le pays, quoique assez froid, serait
sain et sec. On y élève quantité de moutons dans le nord.
C’est dans le courant de l’année 1907 que j’écrivis, à tout
hasard, à mon ami Joseph Benett, pour lui donner de mes
nouvelles et en même temps savoir si son claim avait pris
de l’extension ou périclitait. Et le plus bizarre est qu’il
était persuadé que j’avais trouvé la mort au retour de cette
expédition de l’Alaska ; il s’était sans doute créé une con
fusion regrettable entre l’un de mes compagnons de route
et moi, puisque le bruit était parvenu à Dawson City que
j’étais bien l’un des deux hommes qui avaient péri par le
froid.
Cela avait donné lieu, à des confusions telles que, voulant
vendre son claim, il lui fallut obtenir une procuration dans
mon pays d’un de mes héritiers éventuels, pour pouvoir
effectuer cette vente.
Donc, à ce moment, tout le monde me croyait mort dans
mon village natal. C’est un peu cette idée qui me donna à ce
moment l’envie de revoir la France et je résolus, dans l’été