Page 94 - Vincent_Delavouet
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                  de 1909, de vendre ma marchandise, quoique les affaires
                  fussent en pleine prospérité.
                    C’est à mon employé, qui s’associa à un bailleur de fonds,
                  que je vendis et cédai mon magasin.
                    Me voici donc libre, débarrassé de mes marchandises en
                  bloc, toujours célibataire et respirant à plein poumons l’air
                  pur des provinces du Nord-Ouest.
                    C’est ainsi que, avant de m’embarquer pour la France, je
                  visitai en touriste les riches * plaines de blé des provinces
                 d’Alberta, Saskatchewan et Manitoba. Quoique le climat
                 y soit très froid, les terres y sont d’une telle fertilité, qu’il
                 n’est pas rare de voir du blé semé en juin être récolté à la
              | fin d’août, après 90 jours, tout au plus.
                   Ce qu’il y a à craindre, ce sont les gelées nocturnes fré­
                 quentes et l’apparition des premières neiges avant que les
                 récoltes ne soient rentrées.
                   La récolte est donc très variable; mais, lorsque la chance
                 veut qu’elle réussisse, elle peut compter pour deux.
                   Il faut dire qu’en été le soleil luit jusqu’à dix-huit heures
                 par jour .et qu’il est impossible de se faire une idée de la
                 richesse de ce sol tout neuf. On s’y livre à la grande culture ;
                 aucune comparaison ne peut être établie avec nos cultures
                 de France, comme étendue, et la main-d’œuvre est presque
                 remplacée par les machines-outils qui fauchent, lient et
                 battent toutes ces gerbes.
                   Ce sont de puissantes Compagnies, possédant des éléva­
                 teurs, qui sont en général propriétaires de ces immenses
                 étendues de terrain défriché et devenu cultivable. Autre­
                 fois, le fermier dépendait entièrement de ces puissantes
                 Compagnies et vendait son grain au prix qui lui était fixé.
                 Mais depuis que les fermiers se sont groupés, ils en trouvent
                 un prix plus rémunérateur et, au besoin, conservent leur
                blé chez eux, si la demande n’est pas raisonnable.
                  C’est en hiver que les fermiers transportent ces blés
                récoltés, après avoir été pesés par sacs de soixante livres et
                payés suivant la qualité argent comptant, dans des réser­
                voirs ou élévateurs appartenant à différentes Compagnies.
                Puis des trains entiers viennent ensuite se charger automa­
                tiquement et se dirigent vers les centres de réception de
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